Les soldats français prennent le contrôle de l’aéroport d’Abidjan – LeMonde.fr

3 Aprile 2011 0 Di luna_rossa

 

 

Les soldats français prennent le contrôle de l’aéroport d’Abidjan – LeMonde.fr

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Le président français Nicolas Sarkozy tenait, dimanche 3 avril, en fin d’après-midi une réunion sur la Côte d’Ivoire avec le ministre de la défense Gérard Longuet, le ministre de la coopération Henri de Raincourt, et le chef d’état-major, Edouard Guillaud dans un contexte de violentes critiques du camp Gbagbo à l’égard des forces françaises en Côte d’Ivoire : la Licorne, qui a pris dimanche matin le contrôle de l’aéroport international d’Abidjan, a été accusée dimanche après-midi par le camp du président ivoirien sortant Laurent Gbagbo d’être une “armée d’occupation”.

“Nous estimons que cette force agit en Côte d’Ivoire comme une armée d’occupation en dehors de tout mandat, car le mandat de l’ONU ne donne pas autorité à Licorne d’occuper l’aéroport d’un Etat souverain”, a déclaré Toussaint Alain, lors d’une conférence de presse à Paris. La prise de contrôle de l’aéroport s’est faite en coordination avec l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci), a indiqué dimanche matin l’état-major des armées à Paris. La France a également envoyé en renfort deux compagnies supplémentaires, soit près de 300 hommes, dans la nuit de samedi à dimanche portant les effectifs de Licorne environ 1 500 hommes.

La rébellion, c’est une “coalition de mercenaires et de soldats européens et américains [qui] bénéficient de l’appui logistique, du renseignement de Licorne”, a estimé le conseiller de M. Gbagbo. “C’est l’armée française qui s’est mise au service de la rébellion, (…) l’armée française est devenue une force supplétive de la rébellion”, a-t-il répété. “Nous croyions avoir à faire à une rebellion de Ouattara (…) en réalité la Côte d’Ivoire est engagée dans une guerre contre l’armée française. Nous souhaitons interpeller l’opinion française et internationale sur les agissements de l’Etat français qui sera responsable, coupable de la guerre civile”, a-t-il ajouté.

 

Paris a envoyé 300 soldats en renfort en Côte d'Ivoire, portant à 1 400 homme les effectifs de la force Licorne.

Paris a envoyé 300 soldats en renfort en Côte d’Ivoire, portant à 1 400 homme les effectifs de la force Licorne.AFP/ISSOUF SANOGO

De son côté, la télévision d’Etat ivoirienne (RTI) contrôlée par le camp Gbagbo a entamé dimanche la diffusion de violents messages contre la France. “Le génocide rwandais se prépare en Côte d’Ivoire par les hommes de Sarkozy. Ivoiriennes, Ivoiriens, sortons massivement et occupons les rues”, lançait un bandeau défilant. “L’armée française occupe l’aéroport Félix Houphouët-Boigny, nous sommes en danger”, affirmait un autre bandeau.

La réunion débutée dimanche vers 16 h 30 à l’Elysée a pour but de “faire un nouveau point sur la situation en Côte d’Ivoire”, dont celle des ressortissants français sur place. La prise de contrôle de l’aéroport visait notamment à permettre à court terme la reprise des vols commerciaux et le départ éventuel d’étrangers : 1 650 expatriés, dont environ 800 Français, se sont regroupés dans le camp de la Licorne, pour se mettre à l’abri des violences et des pillages.

Ces dernières heures 167 d’entre eux ont ainsi pu quitté Abidjan pour la capitale sénégalaise Dakar, via la capitale togolaise Lomé. “77 en majorité des Français, sont partis dans la nuit et 90 [dimanche] en début d’après-midi. Il ne s’agit pas d’évacuations mais de possibilités offertes pour partir. Les vols commerciaux n’ont pas repris, ce sont donc des vols spéciaux”, a indiqué le commandant de la Licorne Frédéric Daguillon.

GUERRE PSYCHOLOGIQUE

Lors d’une offensive éclair cette semaine, les forces d’Alassane Ouattara, président reconnu par la communauté internationale, ont pris le contrôle de quasiment tout le pays, à l’exception de bastions à Abidjan de fidèles de Laurent Gbagbo, chef de l’Etat sortant qui refuse de quitter le pouvoir. L’assaut final contre le palais et la résidence présidentielle n’a toujours pas eu lieu. Seuls quelques tirs sporadiques d’armes lourdes ont été entendus depuis samedi soir, notamment au Plateau, cœur du pouvoir, abritant le palais. Isolé diplomatiquement, asphyxié économiquement, plus faible que jamais militairement, Laurent Gbagbo, au pouvoir depuis 2000, tient, malgré les coups.

Replié sur les symboles du pouvoir – palais, résidence, télévision d’Etat RTI –, il a très vite démontré qu’il n’entendait pas abdiquer ni prendre le chemin de l’exil. Samedi soir, la RTI a diffusé des images le montrant souriant et discutant avec des proches. Toute la journée, la chaîne avait diffusé des appels à la mobilisation, les militaires devant regagner des points de ralliement, les civils former un “bouclier humain” autour de la résidence du président sortant. En soirée, la RTI a montré plusieurs centaines de personnes, dont des femmes et des jeunes, rassemblées apparemment vers la résidence présidentielle, qui scandaient : “respectez le pouvoir de Gbagbo”. “Nous sommes en train de faire à cette agression barbare, nous sommes en train de les repousser”, assurait devant les caméras Alain Dogou, son ministre de la défense.

MASSACRES

Mais si le camp Gbagbo livre une intense guerre psychologique via la RTI, le rapport de forces est toujours à l’avantage des troupes d’Alassane Ouattara, dont la marche sur Abidjan est toutefois ternie par de graves accusations sur des massacres de civils. Dimanche, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a demandé au président élu de prendre des mesures contre ceux qui ont participé au massacre de 800 personnes dans l’ouest du pays.

Alassane Ouattara a démenti une nouvelle fois les accusations selon lesquelles ses partisans auraient participé au massacre en début de semaine dans la ville de Duékoué, lors d’une conversation téléphonique avec Ban Ki-Moon a rapporté ce porte-parole. M. Ouattara a déclaré qu’il avait demandé une enquête.