La gauche et les européennes, un labyrinthe sans fin. A quelques mois du scrutin, chaque famille, exceptée La France insoumise, cherche sa place. Discussions, feintes et propositions se multiplient. Le dernier épisode est à mettre au crédit de Ségolène Royal. L’ancienne ministre et finaliste de la présidentielle de 2007 s’interroge sur son rôle. Elle s’est imaginée tête de liste pour les socialistes, mais sans le poing et la rose sur la photo, qui seraient «un handicap», selon ses mots. Mercredi, elle a proposé à distance aux écolos de mener la bataille avec eux. Et, chose nouvelle, elle serait prête dans ce scénario à laisser la première place à Yannick Jadot. Une belle petite surprise.
Les écolos expliquent depuis des mois qu’ils ne souhaitent pas se lancer dans la «tambouille», qu’ils n’ont besoin de personne. Malgré les appels du pied de Benoît Hamon (Génération.s), Olivier Faure (PS) ou de Raphaël Glucksmann (Place publique), les Verts ne mouftent pas. Pour preuve, ce jeudi matin, EE-LV sèche la réunion organisée par Place publique afin de chercher une convergence entre toutes les familles de gauche. Et Yannick Jadot a prié la sénatrice écolo Esther Benbassa, qui souhaitait se rendre à la réunion, de rester bien au chaud à la maison.
Pierre dans le jardin
Jeudi matin, au bout du fil, un dirigeant d’EE-LV déroule ses arguments pour prouver que Royal est une «mauvaise idée». Selon lui, elle serait trop «individualiste», il serait «trop risqué de lui faire une place», elle qui ne représenterait pas l’écologie «populaire». Ce dirigeant précise également que les désaccords sont nombreux entre l’ancienne ministre de l’Environnement et Yannick Jadot, qui critique à l’envi le bilan vert du précédent quinquennat. «La bonne nouvelle pour nous, c’est que tout se passe autour de notre parti. Mais pourquoi on dirait oui à Royal et non aux autres?», s’interroge-t-il.
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Royal ne s’attendait pas à un accueil chaleureux. Expérimentée, elle connaît la stratégie des écolos. Mais l’ancienne ministre sait aussi que les Verts ont la cote. Qu’une alliance avec eux, contrairement «au reste de la gauche», permettrait de réaliser un score à deux chiffres. Donc elle passe à l’attaque en posant une pierre dans le jardin de Yannick Jadot. Comme lui, elle ne souhaite pas représenter la gauche mais l’écologie. Habile. Et elle est prête à lui laisser la lumière – même si tout le monde sait que l’ancienne candidate à la présidentielle n’est pas du genre à s’effacer et respecter la hiérarchie. Avec cette proposition Ségolène Royal tente de mettre Yannick Jadot au pied du mur avec, en creux, une question en forme de piège: EE-LV souhaite-t-il la division ou l’union? Vivement le prochain épisode.